Cette recherche montre comment des objets circulent entre des gens qui les déposent sur les trottoirs, en particulier les jours « d’encombrants » (déposeurs), et ceux qui les récupèrent (glaneurs). L’analyse des représentations de 17 déposeurs et/ou glaneurs dévoile trois formes de socialité : 1) le don charitable (où déposer correspond à un désir de faire passer des objets à autrui) ; 2) la réciprocité équilibrée (dans laquelle déposeurs et glaneurs voient les encombrants comme un système de circulation d’objets entre eux) et 3) la réciprocité généralisée (où un désir de mutualisation des biens est nourri par la volonté de lutter contre le gaspillage). Les résultats montrent en outre que l’anonymat du contexte conduit déposeurs et glaneurs à des interprétations croisées de ce que fait l’autre (pour qui et pourquoi) qui alimentent et parfois tempèrent ces formes de socialité. Ils informent également les acteurs publics sur les enjeux qui en découlent pour la gestion des déchets (notamment la création de lieux d’échange anonymes afin que les gens puissent mettre à disposition les objets dont ils n’ont plus l’utilité).
Pour citer : Roux, D., & Guillard, V. (2016). Circulations d’objets entre étrangers dans l’espace public: une analyse des formes de socialité entre déposeurs et glaneurs. Recherche et Applications en Marketing (French Edition), 31(4), 30-49.
Circulations d’objets entre étrangers dans l’espace public