Allégations de santé et insuffisance alimentaire

Un nombre croissant d’aliments font l’objet d’allégations nutritionnelles (par exemple : «faible en matières grasses» et « riche en oméga 3 ») ainsi que des allégations de santé (par exemple, «contribue à renforcer les défenses naturelles de l’organisme»). Les travaux académiques existants montrent que ces allégations peuvent biaiser les perceptions des consommateurs: les consommateurs sous-estiment le contenu calorique des aliments, produits ou marques associés à de telles allégations. Cet effet de halo repose sur la tendance naturelle des individus à catégoriser les aliments comme intrinsèquement sain ou malsain. Dans cette recherche, nous démontrons que cet effet de halo de sous-estimation des risques pour la santé est d’autant plus fort pour les individus souffrant d’insuffisance alimentaire.

 

Dans le cadre d’une expérimentation, nous manipulons la présence d’allégations santé en utilisant deux marques réelles : Subway (présence de telles allégations, « Eat fresh ») contre McDonald’s (absence de telles allégations, du moins aux Etats-Unis, pays dans lequel l’expérimentation a été menée). Les répondants, qui ne disposaient pas d’informations nutritionnelles, devaient estimer le risque pour la santé associé à des produits alimentaires qui étaient un peu plus calorique pour Subway (640 kcal) que McDonald’s (600 kcal). Notre échantillon est composé de 414 adultes américains, contactés par le biais d’un institut de sondage professionnel. A partir de l’indicateur FSI (« Food Sufficiency Indicator) de l’USDA, chaque répondant est catégorisé dans une classe de suffisance ou d’insuffisance alimentaire.

 

Nous trouvons que les perceptions de risque pour l’obésité, le diabète et les maladies cardiaques sont plus faibles (plus fortes) pour le restaurant associé à des allégations de santé, à savoir Subway (McDonald). Par ailleurs, nous constatons que la sous-estimation du risque de santé est aggravée pour les personnes qui souffrent d’insuffisance alimentaire. Plus précisément, nous constatons que les individus souffrant d’insuffisance alimentaire sont plus sensibles aux allégations de santé, de telle sorte qu’ils perçoivent un risque de santé moins élevée pour une marque associée à des allégations de santé (Subway). 

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En conclusion, les politiques publiques doivent prendre en considération le fait que les individus les plus démunis sont plus sensibles aux communications trompeuses à propos de la qualité nutritionnelle des aliments. Ainsi, il semble nécessaire d’associer aux mesures financières existantes, d’autres mesures éducatives afin de renforcer le niveau d’implication nutritionnelles des individus souffrant d’insuffisance alimentaire.

 

Pour citer : Cadario R. (2016), The impact of health claims and food deprivation levels on health risk perceptions of fast-food restaurants, Social Science & Medicine, 149, 130-134.

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Romain Cadario

A propos de Romain Cadario

Professeur Assistant
Iéseg School of Management, LEM (UMR CNRS 9221)

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